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Un réalisateur a recalé Leïla Bekhti : un rôle "pas prévu pour une rebeu"

Au cours d'un long entretien accordé à Marie Claire, dans le numéro disponible en kiosque depuis le 4 mars 2021, Leïla Bekhti a révélé avoir été victime de discrimination lors du casting d'un film français.

Photographiée par Charlotte Abramow, Leïla Bekhti partage la couverture d'un numéro collector de Marie Claire avec huit autres personnalités comme Juliette Binoche, Lous and the Yakuza et Annie Ernaux. Pour la journée internationale des droits des femmes du 8 mars, l'actrice s'est volontiers épanchée sur ses engagements : écologie, éducation, lutte contre le racisme et le sexisme... En évoquant les discriminations, la trentenaire s'est remémorée un épisode des plus désagréables, l'unique fait raciste à son encontre qu'elle a vécu dans sa carrière. Dix ans auparavant, la comédienne s'est faite recaler d'un casting à cause de ses origines ethniques. "J'étais arrivée en finale d'un casting face à une actrice qui n'avait rien à voir avec moi. Là, le réalisateur m'appelle pour me dire : 'Écoute, t'as fait de super essais, mais on n'avait pas prévu que ce soit une rebeu qui ait le rôle.' Il m'a lancé ça de manière presque gentille et bienveillante, sans se rendre compte de la violence du truc. Alors, moi, j'ai répondu un 'désolée', comme si j'avais une maladie, avant de raccrocher - je n'avais pas la répartie d'aujourd'hui", a-t-elle commencé par raconter.

"Je l'ai rappelé pour lui dire : 'En fait, je suis désolée pour toi'"

Leïla Bekhti a ensuite révélé qu'elle ne s'était tout de même pas laissée faire : "Puis je l'ai rappelé pour lui dire : 'En fait, je suis désolée pour toi, et surtout, je suis bien contente de pas faire ton film.' Je n'ai pas raconté cette histoire à ma famille, de peur que tout le monde s'inquiète et pense : 'Ouhla, ça va être dur pour elle ce métier'. Alors heureusement que j'avais des épaules."

Celle qui a épousé Tahar Rahim a aussi tenu à mentionner les clichés récurrents véhiculés par des scénarios qu'elle refuse de manière systématique : "Le cliché femme voilée = soumise, par exemple, je n'en peux plus. Le cliché de l'éternel grand frère qui ne veut pas que sa soeur sorte le soir, pareil. Pourquoi certains réalisateurs stigmatisent ainsi les communautés ? Est-ce qu'ils sont déjà sortis de leur sphère ? Non, on ne mange pas le couscous avec les pieds, et non, la sonnette de notre porte n'est pas un youyou."

publié le 9 mars, Elodie Falco, Jellyfish France

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