Actus cinéma

Pourquoi aime-t-on regarder des nanars ?

Extrait du film Sharknado d'Anthony C. Ferrante.

© SyFy, Allocine

Les nanars sont un ramassis d'âneries et pourtant, on prend plaisir à les regarder. Alors que le 3 septembre prochain se tiendra à Paris La Nuit Nanarland, des chercheurs se sont penchés sur ce phénomène. Une étude publiée dans la revue "Poetic".

"Alors tu en as pensé quoi ?". Après une séance de cinéma, il est courant d'entendre cette phrase qui s'ensuit d'un échange d'avis. Nous le savons bien, nous avons tous des goûts qui diffèrent en ce qui concerne la qualité d'un film. Et généralement, nous évitons de nous infliger des navets, à moins que nous ignorions encore à quel point cela allait être mauvais. Malgré ça, beaucoup de personnes sont friands de nanars, ce genre de films d'une grande nullité, ultra cheap avec des acteurs qui manquent de naturel.

Comment savoir si un film est mauvais ?

Sharknado en est un parfait exemple ! Etant considéré comme un film culte pour certains et de nanar pour d'autres. Un paradoxe qui a intéressé des chercheurs, qui ont décidé d'analyser nos rapports à cette consommation de films extrêmement nuls. "Cela paraît paradoxal que quelqu'un regarde un film qui soit mauvais, embarrassant voire même dérangeant, et qu'il y prenne du plaisir", s'interroge Kevyan Sarkosh, professeur de littérature comparée et post-doctorant au Max Planck Institut for Empirical Aesthetics.

Mais avant d'aller plus loin, les chercheurs se sont posé la question de savoir ce qu'était un mauvais film. Pour eux, c'est dans le cinéma d'horreur que ces exemples sont le plus courant. Cela devient difficile à regarder quand un film à peu de budget, qu'il n'y a pas de décor ou encore pas de scénario. Ironiquement, les chercheurs ont remarqué que c'était surtout les cinéphiles qui regardaient ces nanars, appréciant de déceler les maladresses de cadrages, l'absurdité des dialogues ou l'horreur des effets spéciaux.

Un vrai signe d'intelligence

"Nous avons affaire à un public qui est en moyenne en possession d'un diplôme de l'enseignement supérieur, que l'on pourrait qualifier d''omnivores culturels'", explique Sarkosh. Il faut donc y voir un signe d'intelligence et de culture à travers la maîtrise des codes. "Pour des cinéphiles de ce genre, les navets sont une parenthèse appréciable au cinéma de masse. Ils sont intéressés par un large éventail de l'art et des médias qui dépassent les frontières de la "bonne" et de la pop culture", ajoute le professeur. En gros, tout est une question d'ouverture d'esprit !

publié le 14 août, Roxane Mansano

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