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Personnages féminins et dialogues : un problème de fond chez Disney

Aladdin

© DR

Les classiques de Disney ont fait rêver des millions de petites filles à travers le monde. Et pourtant, les princesses des dessins animés du studio aux grandes oreilles n'ont pas le même temps de parole que leurs homologues masculins, comme vient de le démontrer une étude américaine s'intéressant aux rapports hommes-femmes au sein desdits films.

Les linguistes Carmen Fought et Karen Eisenhauer "ont travaillé sur un projet visant à analyser tous les dialogues des princesses de la franchise Disney" nous rapporte le Washington Post. Et les résultats ne sont pas des plus réjouissants. Si les premiers longs-métrages de la firme, à savoir Blanche-Neige, Cendrillon et La Belle au bois dormant, témoignent d'une parfaite équité, voire d'un temps de parole plus important pour les personnages féminins par rapports aux hommes, on est bien loin du compte en ce qui concerne les productions des années 90.

Les personnages masculins parlent ainsi 68% du temps dans La Petite Sirène et 71% dans La Belle et la Bête. C'est encore pire dans Aladdin, où la princesse Jasmine, seule représentante de la gent féminine dans le film, n'occupe que 10% du temps de parole sur l'ensemble du long-métrage. Les productions suivantes ne font pas beaucoup mieux, avec respectivement 76 et 77% de dialogues dédiés aux hommes dans Pocahontas et Mulan, ce dernier se voulant pourtant centré sur un personnage de femme forte et indépendante. On aurait donc pu espérer la trouver un peu plus mise en valeur par les dialoguistes de Disney.

Notons toutefois une nette amélioration ces dernières années, amorcée en 2010 avec Raiponce, qui parvient à offrir 52% de son temps de parole aux personnages féminins. Rebelle de son côté, inverse littéralement la tendance en laissant les femmes parler 74% du temps, tandis que La Reine des neiges voit ce chiffre redescendre à 59%. Pour les deux chercheuses qui ont mené cette étude, l'explication est simple : "Il n'y a aucune femme qui mènent les villageois pour tuer la Bête, aucune femme qui se lient dans la taverne en chantant et buvant, pas de femmes qui inventent ou qui donnent des directions aux autres. Quiconque fait quelque chose d'important et qui n'est pas l'héroïne est un homme".

Notons néanmoins qu'avec La Reine des neiges, le studio a proposé au public un vrai film féministe avec le succès qu'on lui connaît. Espérons donc que Disney poursuive sur cette voie et arrête de couper la parole à nos héroïnes !

publié le 28 janvier, Pauline Julien

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