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Oscars 2017 : le décret sur l'immigration de Trump bouscule la cérémonie

Trio de statuettes durant la 87e cérémonie des Oscars à Los Angeles, le 22 février 2015.

© Hahn Lionel, Abaca

Le monde du septième art n'a sans doute pas fini de s'engager contre Donald Trump. Si de nombreux artistes ont profité d'un discours aux SAG Awards ce week-end, pour partager leur colère face aux premières décisions du nouveau président américain, d'autres prévoient purement et simplement de boycotter la cérémonie des Oscars.

Le cinéaste iranien Asghar Farhadi a ainsi annoncé ce dimanche qu'il n'assisterait pas à la prestigieuse soirée de récompenses, où il est pourtant nommé au trophée du Meilleur film étranger pour "Le Client", son dernier long-métrage présenté sur la Croisette en mai dernier. En cause, le décret anti-immigration ratifié par Donald Trump en fin de semaine dernière, qui interdit l'entrée sur le territoire américain de ressortissants de sept pays de confession musulmane : l'Iran, l'Irak, la Syrie, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen.

"Ce n'est pas acceptable"

Une mesure qui a poussé Asghar Farhadi à prendre une décision radicale. Par voie de communiqué, il explique : "Mon intention n'était pas de ne pas assister à la cérémonie ou de la boycotter pour montrer mes objections (aux politiques de Trump, ndlr) car je sais que beaucoup de gens dans l'industrie américaine du cinéma et au sein de l'Académie des arts et sciences du cinéma sont opposés au fanatisme et à l'extrémisme qui règnent plus que jamais aujourd'hui. Mais il semble maintenant que la possibilité même de ma présence soit soumise à des 'si' et des 'mais' et ce n'est pas acceptable pour moi, même si l'on venait à faire exception pour mon voyage."

Et de poursuivre, non sans amertume : "Durant des années, des deux côtés de l'océan, des groupes de gens adeptes d'une ligne dure ont essayé de présenter à leur peuple des images irréalistes et effrayantes des gens d'autres cultures afin que les différences deviennent des désaccords, les désaccords des inimitiés et les inimitiés des peurs. Instiller la peur de l'autre est un des moyens préférés pour justifier des comportements extrémistes et fanatiques par des gens étroits d'esprit."

Un cas non isolé

Si le cinéaste, déjà lauréat de l'Oscar du meilleur film étranger pour "Une Séparation" en 2012 préfère donc décliner l'invitation, il ne sera pas le seul à ne pas assister à la cérémonie, qui se déroulera le 26 février prochain. L'actrice iranienne Taraneh Alidoosti, qui tient le premier rôle féminin du "Client", a en effet déjà annoncé qu'elle boycotterait la soirée. Un choix motivé par une volonté de dénoncer les "mesures racistes" prises par Donald Trump depuis son entrée en fonction à la Maison Blanche.

Si l'on ignore encore pour le moment si d'autres artistes suivront, on imagine en revanche que la 89e cérémonie des Oscars devrait être une nouvelle fois l'occasion de discours vibrants et engagés de la part des différents animateurs et lauréats de l'événement.

publié le 30 janvier, Pauline Julien

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