Actus cinéma

James Gray pousse un coup de gueule contre la suprématie des super-héros

Les Cahiers du Cinéma mettent à l'honneur Francis Ford Coppola dans leur dernier numéro de février 2021. Pour rendre hommage à cet immense cinéaste, le magazine s'est notamment entretenu avec son ami James Gray. Dans la conversation, le réalisateur de "The Lost City of Z" et "Little Odessa" a confessé son "dégoût" pour ce nouvel Hollywood où les studios et les super-héros sont rois.

Passionné de Federico Fellini, Martin Scorsese, Steven Spielberg, de la Nouvelle Vague ou encore de Francis Ford Coppola, James Gray marche dans les pas de ses icônes en proposant un cinéma sensible et qui se renouvelle constamment avec succès. Celui qui s'est frayé une place de choix à Hollywood n'aime pour autant pas faire affaire avec les grands studios, de peur que sa création soit contrôlée et annihilée. Son dernier chef-d'oeuvre, l'épopée cosmique et psychanalytique du personnage de Brad Pitt dans "Ad Astra", démontre la liberté que préserve le metteur en scène. Interrogé par Les Cahiers du Cinéma, le cinéaste derrière "The Immigrant" et "La nuit nous appartient" a tenu à dénoncer ses confrères sans bravoure qui, eux, se contraignent à alimenter les grosses franchises : "Moi, ma génération, je la regarde avec dégoût ! Tous les cinéastes que je connais et avec qui j'étais à l'école de cinéma pensent : 'Il faut que je fasse cette adaptation de BD ou autrement je ne travaillerai pas.' Bon, pour commencer, c'est une position de lâche ! Il faut prendre des risques ! Si tu veux juste gagner beaucoup d'argent ou ne pas prendre de risque, ne deviens pas cinéaste, fais plutôt carrière à Wall Street !"

Il regrette les films "programmés pour gagner de l'argent" et le manque de prise de "risques"

Alors que Matt Reeves, son ami de la School of Cinematic Arts de Californie, dirige actuellement le prochain "Batman", il est difficile de ne pas y voir-là un sacré coup de coude à son attention. James Gray a poursuivi sur la production massive et médiocre d'Hollywood qui enlève une certaine crédibilité au septième art : "Si les studios étaient intelligents, ils produiraient chacun deux films par an dans lesquels ils investiraient 60 à 70 millions de dollars et qui ne seraient pas programmés pour gagner de l'argent. Deux films pour prendre des risques. Beaucoup seraient certainement mauvais, mais d'autres seraient très bons et, qu'ils gagnent de l'argent ou pas, ils permettraient que le cinéma reste le langage prééminent de la culture."

publié le 4 février, Elodie Falco, Jellyfish France

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