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Édouard Baer : "Les réalisateurs me voient comme quelqu'un d'incontrôlable"

Edouard Baer à la Cérémonie de clôture du 72ème Festival International du Film de Cannes, le 25 mai 2019.

© JACOVIDES-MOREAU, BestImage

Sorti en salle en avril 2019, "La Lutte des classes" est diffusé sur Canal+. Avec Leïla Bekhti, Édouard Baer forme un couple de parents dépassés. L'acteur s'est confié au magazine Première, le 3 avril 2020, et dresse le bilan de sa carrière.

Si l'on pense à Édouard Baer, on associe immédiatement le travail de l'homme au genre comique. Pourtant, dans le magazine Première, le quinquagénaire annonce qu'il a "beaucoup moins envie de comédie qu'avant", qui lui colle trop à la peau : "À mes yeux non mais je vois bien qu'on peut me percevoir ainsi. Je pense que ça a empêché certains metteurs en scène de faire appel à moi." Lucide, il a conscience de ne pas avoir pu montrer tout son potentiel artistique en se cantonnant à des films populaires où il interprète des rôles similaires : "J'ai sans doute l'air trop extravagant. Alors que je peux facilement m'effacer. C'est d'ailleurs bien plus passionnant. Un Luchini est toujours bien plus intéressant au cinéma quand il ne fait presque rien. Idem pour Serrault dans Nelly et Monsieur Arnaud. Dans mon cas, j'ai le sentiment que certains metteurs en scène me voient comme quelqu'un qui se suffit à lui-même ou d'incontrôlable."

"Il faudrait jouer un film comme une centième de théâtre"

Pour appuyer ses dires, Édouard Baer évoque les réserves qu'ont eu deux grands réalisateurs avant de, finalement, l'engager pour un film... Mais pas deux : "Même Chabrol avait eu des réticences à me faire tourner car il m'expliquait que j'étais trop un zozo comme lui. Pourtant, j'ai adoré travailler avec Claude, son écoute et l'ambiance de ses plateaux. Et j'aurais adoré retravailler avec Bertrand Blier après 'Combien tu m'aimes ?' sur 'Convoi exceptionnel'." Il constate : "Ma faute à moi est de ne m'être jamais vraiment beaucoup abandonné au cinéma. À l'inverse de quelqu'un comme Benoît Poelvoorde par exemple."

Contrairement à d'autres, le comédien a besoin de connaître son texte par coeur : "Même un génie comme Depardieu qui dit des conneries là- dessus, sur le mode 'il ne faut rien savoir'. C'est trop commode après de faire comme lui.... On se laisse avoir alors que c'est complètement faux. Il faudrait jouer un film comme une centième de théâtre, en sachant tout mais en ayant tout oublié. En étant nettoyé à force de l'avoir dirigé physiquement. Mais je suis trop velléitaire ou paresseux pour le faire. Voilà pourquoi je suis toujours un peu trop frustré de mon jeu au cinéma."

publié le 3 avril, Elodie Falco

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