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Drive-in : la solution à la fermeture des cinémas ?

Pendant dix jours, les cinéphiles pourront venir sur la place des Quinconces en voiture et regarder un film dans le respect des gestes barrières contre l'épidémie de coronavirus (Covid-19) au cinéma Drive-In Festival à Bordeaux, le 16 mai 2020.

© Agence, BestImage

Le concept de "drive-in", qui connaît un franc succès aux États-Unis depuis les années 30, s'importe massivement en France en conséquence de la crise sanitaire. Regarder un film depuis son véhicule sera-t-il la nouvelle norme jusqu'à la réouverture des salles ? Les professionnels du cinéma se déchirent sur la question.

Mi-mars, le confinement dû au coronavirus a engendré une hécatombe culturelle : les salles du monde entier fermaient leurs portes aux spectateurs. Depuis le déconfinement, les arts sont toujours abonnés absents. Les lieux restent clos, les événements sont annulés. Pour palier à ce manque indubitable, plusieurs régions françaises ont déjà vu fleurir des drive-in sur leurs terres qui sont organisés, pour la plupart, par des cinémas itinérants ou de petits exploitants. L'association Drive-In Festival réunit tous les soirs, jusqu'au 24 mai 2020, des centaines de voitures sur la Place des Quinconces à Bordeaux.

Ensuite, l'événement a l'ambition de gagner d'autres villes pour faire profiter le plus grand nombre de "cette alternative solidaire" et "qui s'arrêtera dès que les salles de cinéma pourront à nouveau faire ce pourquoi elles sont destinées : accueillir le public et montrer des films". "C'est légal, mais, là où les autres projetteront des films à l'affiche en mars, comme 'La Bonne Épouse', et des avant-premières, comme 'La Daronne', lui peut uniquement projeter des films de plus d'un an", explique Le Figaro. Légal mais pas forcément apprécié par le reste de la profession...

De fervents opposants : des exploitants mis de côté par l'initiative

L'hostilité à l'égard des drive-in est grande. Projeté sur un écran gonflable ou une toile tendue, le film ne propose ni un son ni une image adéquate pour une diffusion, arguent certains. D'un ton préremptoire, la FNCF (Fédération nationale des cinémas français) a publié, jeudi 14 mai 2020, un communiqué qui met en lumière d'autres problèmes, d'ordre sanitaire et économique. S'adressant directement au CNC, la FNCF déplore "profondément les dégâts médiatiques et économiques que provoqueront ces manifestations qui détournent les spectateurs, les médias, l'administration locale et nationale du seul combat à mener : la réouverture des salles, seul lieu structurant et pérenne de la culture cinématographique" et l'incohérence "de laisser fermer des lieux plus sûrs et plus encadrés et ouvrir des manifestations où aucune règle ne peut être respectée".

Pour calmer la situation, l'Association Nationale des Cinémas Itinérants (ANCI) réfléchit sur un terrain d'entente pour "organiser un événement de reprise du cinéma en partenariat avec les salles fixes qui le souhaiteraient, par des projections en extérieur, avec leur billetterie". Une initiative qui aiderait à renflouer les caisses des circuits du cinéma français. Dernier opposant au drive-in : les écologistes. La guerre n'est pas finie !

publié le 21 mai, Elodie Falco

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