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Star Wars : de Lucas à Abrams, retour sur un passage de flambeau osé mais réussi

J.J. Abrams et George Lucas

© Getty Images

Tout commence le 30 octobre 2012 lorsque, par un communiqué officiel, Disney annonce le rachat de Lucasfilm pour la somme astronomique de quatre milliards de dollars. La nouvelle provoque un véritable raz de marée sur la planète cinéma, qui s'inquiète aussitôt de voir la franchise Star Wars tomber sous le giron du studio aux grandes oreilles. Pourtant, trois ans plus tard, la critique salue à l'unanimité Star Wars - Le Réveil de la Force, premier épisode de la saga étiqueté Disney. L'occasion de revenir plus en détail sur le passage de flambeau le plus marquant de l'histoire du septième art.

L'envie d'ailleurs de George Lucas

Céder sa place, George Lucas y pense depuis longtemps. En témoigne notamment dès 2011, sa décision de faire de Kathleen Kennedy la nouvelle vice-présidente de Lucasfilm pour amorcer la transition. Après avoir consacré près de 40 ans de sa vie à la saga intergalactique, le cinéaste rêve de pouvoir se lancer dans des projets plus personnels, en revenant à un cinéma dit expérimental, tout en laissant son oeuvre entre des mains de confiance. Néanmoins, avant de laisser filer son bébé chez Disney, Lucas hésite. L'homme a en effet déjà développé une nouvelle trilogie de son côté et envisage même de réaliser le septième volet avant de vendre son entreprise. Mais l'idée de s'embarquer pour plusieurs années supplémentaires suffit à le convaincre de passer le flambeau. "Il est maintenant temps pour moi de passer La Guerre des étoiles à une nouvelle génération de réalisateurs. J'ai toujours cru que Star Wars me survivrait, et je pense qu'il était important de mettre la transition en place de mon vivant", explique alors Lucas. Au-delà de cette envie d'expérimentation, George Lucas semble également garder un souvenir amer de l'accueil très mitigé de sa fameuse prélogie, un sentiment qui a sans doute pesé dans sa volonté de lâcher prise. "Vous faites un film, et tout ce que vous avez en retour, ce sont des critiques. (...) Vous ne pouvez pas expérimenter, vous ne pouvez rien faire. Il faut que vous fassiez les choses d'une certaine manière. Je n'aime pas ça, je n'ai jamais aimé ça", raconte-t-il, affichant ainsi son désir de s'éloigner du système pour enfin retrouver sa liberté perdue.

Le challenge d'une vie pour J.J. Abrams

Dès l'annonce de la mise en chantier de nouveaux épisodes de Star Wars, les spéculations fusent. Qui sera choisi par Disney pour réaliser ce qui devient peu à peu le film le plus attendu de l'histoire du cinéma ? Steven Spielberg, Brad Bird, Matthew Vaughn, tous sont cités pour hériter du projet, jusqu'à l'arrivée d'un certain... J.J. Abrams. Mais si aujourd'hui, il peut se targuer d'avoir su combler les critiques comme les fans, toutes générations confondues, le cinéaste s'est dans un premier temps montré bien réticent à l'idée de prendre les choses en main. C'est en effet face à un refus que s'est d'abord heurté Disney. Abrams, alors engagé sur la franchise Star Trek, semble las de refaire sans cesse le même genre de films. "Je ne voulais pas faire une autre suite, je n'en pouvais plus des films avec des chiffres... En tant que fan, j'aurais préféré aller au cinéma et regarder le film", a-t-il confié à ce propos il y a seulement quelques semaines au micro d'Howard Stern, redoutant par ailleurs de toucher à une saga aussi emblématique que Star Wars. Pourtant, en discutant du projet avec Kathleen Kennedy et Lawrence Kasdan, le scénariste iconique de L'Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi, également engagé sur Le Réveil de la Force, J.J. Abrams se laisse peu à peu séduire. "Le truc qui m'a fait changer d'avis, c'est le personnage féminin qu'on a imaginé et qui ne connaîtrait pas Luke Skywalker. Je me suis dit : 'C'est trop cool comme idée'". Mais s'il apparaît très vite comme le candidat idéal, à la fois excellent cinéaste et fan aboslu de la saga intergalactique, Abrams sait l'ampleur de la tâche qui l'attend.

Couper le cordon

Pourtant, au fur et à mesure que les infos tombent, Abrams réussit à rassurer les fans, faisant preuve d'un respect infini pour la trilogie d'origine. De son côté, George Lucas, que l'on pensait toujours impliqué comme consultant sur le film, semble totalement absent de la production du septième épisode. On apprendra plus tard qu'il a finalement été remercié par le studio aux grandes oreilles après un certain nombre de désaccords sur la manière d'aborder cette nouvelle histoire. "Ils ont décidé de ne pas utiliser mes histoires et de faire leur propre truc, donc j'ai dit : 'très bien...' Ils ne tenaient pas tant que ça à ce que je m'implique, de toute façon...", déclarait-il quelques semaines seulement avant la sortie du Réveil de la Force. Néanmoins, le passage de témoin semble bien avoir été un moment difficile à vivre pour le créateur de la saga, qui n'hésite pas à le comparer à une rupture amoureuse : "Quand on rompt avec quelqu'un, la première règle est de ne pas passer de coups de fil. (...) On doit juste se dire : 'non, c'est du passé, je vais de l'avant'". Si le sujet reste donc encore sensible, la rupture elle, était une étape nécessaire pour permettre à la franchise de connaître un véritable renouveau.

L'après George Lucas

Trois ans plus tard et malgré les nombreux défis auxquels se sont confrontés Disney, Le Réveil de la Force s'impose comme le symbole d'un passage de flambeau réussi. Car s'il semblait impossible que le film échoue au box-office, nul n'était à l'abri d'une nouvelle déception façon La Menace fantôme en 1999. Et la chute aurait été d'autant plus lourde que les espoirs autour de ce septième épisode étaient énormes. Mais J.J. Abrams, de par son amour pour la saga d'origine et ses talents de cinéaste, a illustré la passation de pouvoir de la plus belle des manières via une scène clé du film (dont on ne peut vous parler sans vous spoiler), et en offrant aux fans une épopée SF mêlant film hommage et modernité, symbole de la transition entre l'avant et l'après George Lucas.

publié le 20 décembre, Pauline Julien

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