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Le dernier tango à Paris : Hollywood dégoûté par la scène de viol

Maria Schneider et Marlon Brando dans le sulfureux

© Carlotta Films, DR

Plus de quarante ans après la sortie du film en salle, "Le Dernier Tango à Paris" a de nouveau fait scandale ce week-end. En cause, la résurgence d'une interview dans laquelle Bernardo Bertolucci avoue ne pas avoir averti son actrice de la scène de viol qui l'attendait. Une confession qui n'a pas manqué de déchaîner les passions à Hollywood.

C'est l'une des scènes les plus célèbres de l'histoire du cinéma : Paul, aka Marlon Brando, viole la jeune Jeanne incarnée par Maria Schneider, sur le sol de la cuisine et utilise du beurre comme lubrifiant. Si l'acte sexuel est bien simulé, la violence de la scène elle, ne l'est pas. Mais alors que Brando et Bertolucci ont discuté ensemble de cette séquence en amont, ils ont délibérément choisi de ne pas en parler à la comédienne, légitimant donc ni plus, ni moins une agression sexuelle en plein tournage.

"Je voulais qu'elle se sente humiliée"

La version américaine de Elle a exhumé, il y a quelques jours, une interview datant de 2013 dans laquelle le cinéaste italien − qui a tout de même été nommé à l'Oscar pour ce long-métrage − se confie sur la fameuse scène de viol du "Dernier Tango à Paris". Il raconte : "La séquence du beurre est une idée que j'ai eue avec Marlon (Brando, ndlr) le matin avant de tourner. Mais j'ai été horrible avec Maria (Schneider) parce que je ne lui ai pas dit ce qui allait se passer. Je voulais sa réaction en tant que fille et non en tant qu'actrice. Je voulais qu'elle se sente humiliée."

"Je pense qu'elle nous a détestés Marlon et moi parce qu'on ne lui a rien dit", poursuit Bertolucci un brin mal à l'aise, bien qu'il assure ne pas regretter sa décision. "Je me sens encore très coupable pour ça mais je ne regrette pas. Pour faire des films et pour obtenir quelque chose, je pense qu'il faut parfois être complètement libre. Je ne voulais pas que Maria joue son humiliation et sa rage, je voulais qu'elle ressente véritablement la rage et l'humiliation. Ensuite, elle m'a détesté toute sa vie", explique-t-il.

Les stars montent au créneau

La ressortie de cette interview a rapidement fait le tour du web, déclenchant une vague de réactions outrées de la part de plusieurs stars hollywoodiennes. Toutes avec un point commun : un sentiment profond de dégoût. La réalisatrice acclamée de "Selma" Ava DuVernay a ainsi relayé l'article du Elle sur Twitter en commentant : "Inexcusable. En tant que cinéaste, je peux à peine le comprendre. En tant que femme, je suis horrifiée, dégoûtée et enragée par cette histoire."

Chris Evans s'est, lui aussi, indigné sur le réseau social à l'oiseau bleu. L'interprète de Captain America a ainsi écrit : "Wow. Je ne regarderai plus jamais ce film, Bertolucci ou Brando de la même manière. C'est au-delà du dégoût. Ça me met en rage." Et de conclure, après un bref échange avec la comédienne Anna Kendrick à ce sujet : "Ils devraient être en prison." Jessica Chastain de son côté, n'y est pas allée par quatre chemins pour dévoiler le fond de sa pensée en déclarant : "À toutes les personnes qui aiment ce film - vous êtes en train de regarder une jeune fille de 19 ans ayant été violée par un vieil homme de 48 ans. Le réalisateur a planifié son attaque. Ça me rend malade."

Même choc du côté d'Evan Rachel Wood qui, en reprenant le tweet de sa consoeur, ne cache pas être "déchirée et scandalisée", avant de qualifier Brando et Bertolucci d'"individus complètement malades pour penser qu'une telle chose puisse être acceptable".

publié le 5 décembre, Pauline Julien

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