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La Fille inconnue : comment Adèle Haenel est devenue incontournable

Adèle Haenel en héroïne du nouveau drame de frères Dardenne,

© Christine Plenus, DR

Il a fallu une petite quinzaine de films à Adèle Haenel pour réussir, doucement mais sûrement, à s'imposer comme l'une des comédiennes les plus douées de sa génération et devenir un visage incontournable du cinéma hexagonal. Alors qu'elle revient cette semaine à l'affiche du nouveau long-métrage des frères Dardenne, retour sur le parcours d'une actrice à part.

Elle n'a que 12 ans lorsqu'elle fait ses débuts sur grand écran dans "Les Diables", au côté d'un autre comédien en devenir, Vincent Rottiers. Déjà, elle se fait remarquer, mais il faut pourtant attendre six ans pour la revoir au cinéma dans "Naissance des pieuvres" de Céline Sciamma. Entre temps, elle se lance en prépa d'école de commerce, mais rate le concours HEC. Un mal pour un bien qui la ramène finalement vers le septième art, qu'elle ne quittera plus.

Le tournant "Naissance des pieuvres"

2007, année déterminante dans la toute jeune carrière d'Adèle Haenel. Elle le confiait d'ailleurs d'elle-même en février dernier dans un long entretien à Télérama : "Ce fut un grand moment dans ma vie. Au-delà d'une rencontre avec un type de cinéma, c'est une rencontre tout court, et le début, pour moi, de l'âge adulte." Son personnage de Floriane, une lycéenne amatrice de natation synchronisée en pleine découverte de ses désirs, lui ouvre les portes d'un certain cinéma d'auteur français, dont Céline Sciamma incarne l'une des figures de proue, et lui offre une nomination au César du meilleur jeune espoir féminin. La machine est lancée.

La consécration

Elle franchit un nouveau cap en 2011 en tournant sous la direction du renommé Bertrand Bonello pour "L'Apollonide - souvenirs de la maison close", qui lui vaut une nouvelle nomination. La consécration arrive finalement en 2013 avec "Suzanne", pour lequel elle remporte le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Dès lors, les choses s'accélèrent. De plus en plus courtisée, Adèle Haenel partage l'affiche de "L'Homme qu'on aimait trop" d'André Téchiné avec Catherine Deneuve et Guillaume Canet, tout en continuant de travailler avec des jeunes cinéastes ultra-prometteurs. C'est d'ailleurs grâce au premier film de Thomas Cailley, "Les Combattants", qu'elle triomphe une nouvelle fois aux César, en repartant avec le trophée de la meilleure actrice en 2015.

Un diamant brut

À la fois séductrice et indomptable, magnétique et déterminée, Adèle Haenel a su sortir des sentiers battus et se faire une place à part dans le cinéma français. Témoignant d'une vraie maturité et d'un naturel sans pareil, la comédienne n'hésite jamais à livrer le fond de sa pensée ou à pousser un coup de gueule, quitte à déplaire à certains. On se souvient notamment de la polémique après ses propos à Télérama. "C'est vrai que le cinéma blanc et masculin, j'en ai marre. C'est pour ça que je ne veux pas aller voir Le Pont des espions, de Spielberg, qui est peut-être très beau, mais c'est quoi ces mecs qui mettent des chapeaux et viennent sauver la planète ? Si on arrêtait de montrer toujours les mêmes personnages, peut-être que cela changerait le public...", déclarait-elle en février dernier, s'attirant de fait les foudres d'une partie des cinéphiles.

Un brin provocatrice, elle assurait même : "Dire 'Allez vous faire foutre !', c'est un peu mon moteur." Un franc-parler et une audace rares, qui font du bien. Et qui l'ont, cette fois-ci, conduite en Belgique, sous la direction des frères Dardenne pour "La Fille inconnue". Elle y incarne Jenny, une médecin généraliste culpabilisant de ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet à une jeune femme retrouvée morte peu de temps après. On l'attend ensuite dans des films d'Arnaud des Pallières, Pierre Salvadori ou Robin Campillo. Autant dire donc, que la belle aventure d'Adèle Haenel ne fait que commencer.

publié le 11 octobre, Pauline Julien

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